par Michel Valdrighi, 3X ans, bonne à tout faire du web le jour, superhéros injustement méconnu la nuit.
Jones se détourna de la fenêtre quand il vit s’enfuir le barbu et il ouvrit l’exemplaire de Life que Darlene lui avait donné. Du moins Darlene avait-elle été agréable avec lui aux Folles Nuits. Darlene s’était abonnée à Life dans l’idée de se cultiver et de s’améliorer et, en faisant cadeau de cet exemplaire à Jones, elle espérait aussi lui être utile. Jones tenta de lire un éditorial consacré à l’engagement américain en Extrême-Orient mais dut s’interrompre à mi-chemin. Il se demandait comment un canard pareil pourrait aider Darlene à devenir danseuse exotique — le but qu’elle s’était fixé et dont elle avait parlé et reparlé. Il reporta son attention aux pubs. C’était ce qui l’intéressait dans les magazines. Celui qu’il tenait entre les mains en présentait une sélection remarquable. Il aimait la pub de la compagnie d’assurance sur la vie Aetna, avec la photo de la jolie maison qu’un couple venait d’acheter. Les hommes de la lotion après rasage Yardley semblaient riches et décontractés. Voilà comment Life pouvait lui être utile. Il désirait ressembler à ces hommes, leur ressembler trait pour trait.
John Kennedy Toole, La conjuration des imbéciles
Il est huit heures, et demies, neuf heures ou plus.
Des bonne journée, des travaille bien, des à ce soir, des bisous.
Puis deux portes qui se ferment lentement, la mienne et la sienne, celle de l’appartement et celle de l’ascenseur — parfois l’inverse.
Enfin l’instant que je chéris chaque jour, quand la lente fermeture des portes nous dissimule (lentement), et qu’il ne reste à voir à l’un que le sourire de l’autre.
Un matin, deux matin, mille matins. J’espère ne jamais m’en lasser.
zengun (mon ancien blog anglo/francophone, mai 2000 à mai 2006)