par Michel Valdrighi, 3X ans, bonne à tout faire du web le jour, superhéros injustement méconnu la nuit.
Je fréquentais cette fille qui était plutôt bizarre dans son genre, elle avait des pointes de stylo à la place des mamelons.
Pendant l’amour, elle écrivait plein de trucs à l’encre bleue sur ma couette. La première nuit elle a écrit le forgeron le travaille et le façonne sur son fourneau, il lui donne une forme avec des marteaux et le forge à la force du poignet ; il a faim et perd ses forces, il ne boit pas
Puis, la deuxième nuit, elle a écrit d’eau et s’affaiblit. Le charpentier trace une ligne avec un stylo : il la façonne avec un rabot, il la délimite avec un compas, il lui donne une forme humaine, et la beauté d’un homme, pour vivre dans une maison. Il abat des cèdres ; ou bien il choisit un chêne ou un chêne vert et le fait pousser parmi les arbres
Je ne savais pas si elle le faisait exprès. Elle disait qu’elle ne s’en rendait pas compte. Ça me coûtait une fortune en pressing.
En tout cas, on a rompu un jour qu’elle est venue me voir et a vu de la forêt ; il plante un cèdre et la pluie le nourrit. Puis l’arbre devient du bois pour l’homme ; il en prélève une partie et se réchauffe, il entretient le feu et fait du pain ; et puis aussi il invente un dieu et l’adore. Il en brûle la moitié dans le feu ; avec l’autre moitié il mange de la chair, il fait rôtir de la viande, il en est fort content ; il se réchauffe aussi et il dit écrit sur ma couette. En rouge, cette fois. C’était l’écriture de sa sœur.
Bo Fowler, Trois histoires d’amour (in Les Nouveaux Puritains)
zengun (mon ancien blog anglo/francophone, mai 2000 à mai 2006)